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Émergence de la presse écrite algérienne


Si la première presse rotative fut fabriquée en 1812 en Angleterre par Friedrich Konig et Andreas Bauer. Elle sera utilisée pour la première fois pour l'impression de la presse écrite moderne en 1914 pour le quotidien anglais The Times et en France à partir de 1820 pour l'impression du quotidien : Courrier Libéral.

Avec le début de la conquête de l'Afrique par les Européens, l'utilisation de la presse rotative sera vite utilisée dans les pays du Maghreb.

La presse écrite en Afrique du Nord commença pendant la période de 1820 à 1844 par des titres européens tirés en leurs langues. Le premier pays fût le Maroc avec le journal El Liberal Africano en 1820, puis en Lybie à partir de 1827 par les Français publient Al-Munaqqi. En 1838, les italien publie en Tunisie II giornale di Tunisie Cartagine.

En 1830, c'est au tour de l'Algérie d'avoir sa presse moderne avec le premier titre publié en Algérie est L'Estafette d'Alger. Deux numéros de ce journal sont tirés par les troupes françaises pendant le débarquement à Sidi Fredj en juin 1830 : le 25 juin et le 5 juillet. Puis à partir du 27 janvier 1832, le baron Louis-André Pichon (conseiller d'État et intendant civil de la colonie) crée Le Moniteur algérien pour publier les lois, les ordonnances, les discours, les circulaires, les décrets du le nouveau pouvoir français ou de la Régence. La fréquence est plus ou moins hebdomadaire. Il compte entre 2 et 6 pages, avec une petite partie en arabe.

Le Moniteur algérien était le seul journal autorisé par les autorités coloniales jusqu'au 12 juillet 1839. À cette date sort un nouveau journal français au titre en arabe : Al-Akhbar (Les Nouvelles). Le journal avait une petite tendance indigénophile, sans remise en cause de la colonisation pour autant. Il disparaît une première fois entre le 30 septembre 1897 et le 30 novembre 1902, et définitivement le 10 février 1934.

Pendant la période coloniale en Algérie, 180 titres en français et 90 titres en arabe ou bilingues sont publiés en Algérie. La majorité de ces titres ont eut une durée de vie limitée.

En 1844, c'est au tour de la presse régional de prendre son essor.

Tout commence en 1844 par la mort du sieur Chauvet qui détenait un brevet d’imprimeur de la ville.

Un ancien sous officier de l’Armée d’Afrique, le sieur Sadoux, recommandé par le Général de Lamoricière, a prétendu à sa succession et a présenté les justifications voulues pour exercer en lieu et place de Chauvet. Sa demande est transmise le 12 mars et Sadoux va obtenir rapidement un blanc- seing pour s’établir imprimeur à Oran. Il va ensuite formuler auprès du sous intendant d’Oran une autre demande « à l’effet d’obtenir l’autorisation de fonder un journal d’annonces judiciaires administratives et commerciales ayant pour titre l’Echo d’Oran ». La demande est transmise à Alger et le 12 septembre 1844 un arrêté du Gouvernement accorde l’autorisation demandée par Sadoux à charge pour lui de « ne rien publier, sur les mouvements militaires, l’état de situation et l’ordre dans ce pays, et sur la politique en général, d’autres sortes d’articles que ceux inscrits au Journal Officiel du Gouvernement lesquels pourront être reproduits sans commentaire, de faire paraître le dit journal le samedi de chaque semaine et d’en soumettre préalablement une épreuve à la signature de l’autorité civile supérieure».

Le 5 octobre 1844 le numéro zéro de l’Echo d’Oran, est publié. Le succès est au rendez vous. Sadoux engage à la rédaction le sieur François Adolphe Perrier, né en 1818 à Gorze en Moselle, et à qui ses sentiments pro-républicains dans ses anciennes fonctions de rédacteur en Lorraine ont valu d’être banni par la Monarchie de Juillet.

Le numéro 1 de l’Echo d’Oran

Le numéro 1 est publié le 12 octobre 1844 (format 27,50/21,50). En première page, dans un article intitulé « PROSPECTUS », il fait l’éloge de la colonisation et poursuit par les publications à venir :

« La colonisation, conséquence du succès de nos armes qui l’on préparée avec tant de gloire, tend chaque jour à un nouveau développement, à de nouveaux progrès qu’il est impossible de nier aujourd’hui… » « L’Echo d’Oran à compris sa mission et saura la remplir » « Faire connaître, avec l’assentiment de l’autorité, les nobles et pénibles travaux de l’Armée de l’Ouest… » « Les actes de l’administration seront toujours publiés en entier… » « Nous rendrons compte aussi des décisions judiciaires notables et d’une utilité générale » « Nous produirons les mouvements du port, la liste des individus en partance, qui se seront fait afficher à la police à cet effet » « L’état civil (naissances et décès) sera constaté dans notre journal… » « Les statistiques relatives aux mouvements de la population ».

La consécration du sieur Perrier

Au début de l’année 1846 Sadoux est accusé de faux et de crime de concussion. Il se voit condamné le 18 février par le tribunal correctionnel d’Oran à 2 ans d’emprisonnement, confirmés par la Cour Royale d’Alger le 25 novembre. Perrier est ainsi nommé gérant provisoire par les autorités judiciaires. Il fait intervenir ses relations et le 26 octobre 1846 le cabinet du Ministre de l’Instruction publique écrit au Ministre de la Guerre « je recommande à votre bienveillance M. Perrier gérant provisoire de l’établissement typographique de l’Echo d’Oran qui sollicite le privilège définitif de ce titre que j’entérine personnellement. Je vous serais très reconnaissant, s’il vous est possible de l’appeler au poste qu’il désire ».

Le 7 novembre, c’est le Gouverneur qui intervient en sa faveur auprès du Ministre. Nous relevons dans ce rapport « que le journal compte plus de 300 abonnés ».

Finalement le Ministre octroie à Perrier l’autorisation de devenir gérant et imprimeur d’un journal d’opinion soumis aux mêmes sujétions qu’il était sous la direction de Sadoux. Le 1er janvier 1847 Perrier dirige ès qualités l’Echo d’Oran et va être, pendant plusieurs décennies, à la direction de cette feuille, au centre de tous les débats politiques importants.

Il va apparaître comme l’un de ces personnages centraux de la période, commentant les faits et gestes des autorités locales comme le général Pélissier, les préfets Majorel et Garbé. L’Echo d’Oran, par les variations de qualité de sa rédaction, par ses articles souvent passionnés voire irréfléchis, par ses débordements de toutes natures, va faire l’objet de nombreuses sanctions administratives.

Les suites du coup d’Etat du 2 décembre 1851 : Une polémique soulevée par l’Echo.

Le 17 décembre 1851, l’Echo publie un article très nettement contre la prise du pouvoir par Louis-Napoléon Bonaparte, et qui annonce la nouvelle avec « une profonde douleur »…

L’article de l’Echo d’Oran met le Ministre de la Guerre de Saint-Arnaud en fureur. Le 29 décembre, il souhaite attaquer en justice l’Echo et il en fait part au général Pélissier, Gouverneur intérimaire à Alger : « L’Echo d’Oran contient dans son numéro du 17 de ce mois un article infamant. Vous n’aurez sans doute pas attendu mes instructions pour faire donner l’ordre de poursuivre l’auteur de cet article et le gérant du journal devant le conseil de guerre de la division d’Oran »… (1)

Une affaire familiale de quatre générations

Après trois générations de Perrier ayant dirigé le journal, nous retrouvons sur les Echos d’Oran de 1962 le nom de Raoul Perrier. Président du conseil d’Administration de l’Echo d’Oran, Raoul Perrier est né à Alger le 1er juin 1914, fils de Lucien Perrier descendant d’Adolphe Perrier, a

été également directeur de la Dépêche Quotidienne d’Algérie. Mais dès 1945 le journal est dirigé par Pierre Laffont qui assurera la fonction de directeur général jusqu’à la nationalisation du quotidien en 1963.

Pierre Laffont, dernier de cette grande famille de journalistes, est né le 12 mars 1913 à Marseille et décèdera à Paris le 17 mars 1993. Il était l’arrière petit-fils, côté maternel d’Adolf Perrier. Son père, l’enseigne de vaisseau Raymond Laffont, fut à Marseille président de la Compagnie générale Transatlantique et, à Oran, le représentant de Charles Jonnart, Gouverneur général de l’Algérie. Il épousa Nathalie Perrier et le couple aura deux enfants, Pierre et Robert. Ce dernier créa en 1941 à Marseille les éditions Laffont, transférées à Paris en 1945.

L’Echo d’Oran était le quotidien le plus diffusé : 80.000 exemplaires en 1936, 93.000 en 1938 et 120.000 dans les années 60.Pierre Laffont crée l’« Echo Dimanche » en 1948 qui sera tiré plus tard jusqu’à 42.000 exemplaires et l’« Echo soir » en 1949 jusqu’à 25.000 exemplaires. Il entre dans la politique à la naissance de la Ve République, sera député d’Oran-Campagne en 1958 sur la liste du docteur Sid Cara et siègera avec lui à l’Assemblée Nationale. Il démissionnera de son mandat en 1961 et assurera la présidence du syndicat des quotidiens jusqu’en 1962.

Le 6 février 1962, L’Echo d’Oran sort une édition spéciale de l’OAS tirée à 20.000 exemplaires.

Source : Yves Marthot

La Seconde République Francaise libéralisa la presse algérienne et de très nombreux journaux firent leur apparition : Abeille de l'Atlas, Le Nador, la Sentinelle Républicaine d'Alger, Courrier de Constantine, Les Deux Frances, Brûlot de la Méditerranée, Gourayah (Bougie), Courrier d'Afrique, L'Algérie, Le Précurseur, L'Afrique Française, L'Etoile d'Afrique, L'Echo de l'Atlas…

La presse algérienne malgré le retour de la censure sous le second empire garda une certaine liberté de ton et d'esprit.


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