Monde : Des éboueurs créent des bibliothèques avec les livres jetés à la poubelle
Turquie :
Des éboueurs créent une bibliothèque avec les livres jetés à la poubelle
À Ankara, en Turquie, des éboueurs ont ouvert une bibliothèque publique à partir des livres qu’ils ramassaient dans la rue.
Depuis quelques mois, le quartier de Çankaya à Ankara, en Turquie, abrite un lieu culturel hors du commun. Une bibliothèque de quartier a été ouverte par un groupe d’éboueurs. Pendant plusieurs mois, ces employés de la ville ont décidé de mettre de côté les livres abandonnés dans la rue pour leur donner une seconde vie.
Cette bibliothèque a été installée dans une ancienne usine de briques. Elle compte aujourd’hui plus de 6.000 ouvrages, des romans mais aussi des livres scientifiques et des bandes-dessinées. En plus des livres ramassés dans les poubelles, des bouquins donnés par les habitants viennent régulièrement agrandir la collection.
Les livres sont désormais si nombreux que la bibliothèque les prête à des écoles et à des prisons. « Des enseignants de villages de toute la Turquie nous demandent des livres », a expliqué le maire de Çankaya à CNN. En quelques mois, le projet lancé par un groupe d’éboueurs a pris une ampleur inimaginable. La ville a même décidé d’engager une personne à plein-temps pour gérer la bibliothèque.
En Colombie :
À force de sauver des livres, un éboueur a transformé sa maison en bibliothèque.
Depuis plus de vingt ans, l’éboueur José Alberto Gutierrez conduit un camion-poubelle. Et dans les aubes froides de Bogota, il a récupéré des milliers de livres au fil des rues, convertissant sa maison en bibliothèque gratuite.
La vie du « seigneur des livres », comme il est surnommé, a basculé en 1997, lorsqu’il a fait une découverte « merveilleuse » qui a tout changé pour cet homme robuste, aujourd’hui âgé de 54 ans et dont les cheveux ont blanchi. « Je me suis rendu compte que des gens jetaient des livres à la poubelle et j’ai commencé à les récupérer », a-t-il expliqué à l’AFP.
« Il y avait un manque dans le quartier »
La première oeuvre ainsi « secourue » a été une édition d' »Anna Karénine » de Léon Tolstoï, trouvée dans une caisse avec des dizaines d’autres ouvrages. C’est ainsi que José Alberto Gutierrez a commencé à rapporter des romans, des recueils de poésie, des manuels éducatifs, chez lui, dans le quartier ouvrier de Nueva Gloria (sud de Bogota).
Avec les années, la maison « s’est remplie » d’exemplaires du « Petit Prince », du « Monde de Sophie », de « L’Iliade » et bien sûr d’oeuvres de Gabriel Garcia Marquez, le prix Nobel de Littérature colombien.
Puis les voisins sont venus lui emprunter des livres pour aider leurs enfants à faire leurs devoirs. « Il y avait un manque dans le quartier », explique-t-il.
Son rez-de-chaussée transformée en bibliothèque gratuite
Alors en 2000, avec l’aide de son épouse Luz Mery Gutierrez et de leurs trois enfants, il a transformé les 90 m2 du rez-de-chaussée en une bibliothèque gratuite baptisée « La force des mots ».
Le succès de cette initiative dépassant les expectatives, des bénévoles, y compris étrangers, sont venus prêter main forte à la famille de l’éboueur amoureux de la littérature. « Je crois que c’est la seule bibliothèque au monde où l’on offre des livres à ceux qui viennent les emprunter », s’amuse-t-il.
Comme si cela ne suffisait pas, de nombreux ouvrages étant en piteux état, et Luz Mery étant couturière, elle a créé un « hôpital des lettres ». « Les livres qui nous semblent intéressants ou qui sont vraiment mal, elle s’en occupe et les répare », explique son mari.
« La force des mots » s’est fait connaître à travers le continent et José Alberto a été invité à de grands salons du livre comme Santiago du Chili, Monterrey au Mexique, et bien sûr à Bogota.
Cela lui a aussi valu de recevoir des centaines de donations. La majorité des ouvrages ne sortent plus des poubelles. « C’est une jolie malédiction: plus nous offrons de livres et plus il nous en arrive », dit-il.
Aujourd’hui, la maison des Gutierrez ressemble à un labyrinthe de papier. Les séances de lecture pour les enfants ont dû être suspendues, faute d’espace, et la bibliothèque, qui compte quelque 25.000 oeuvres, n’ouvre plus que lorsqu’un lecteur sonne à la porte.
Des livres envoyés partout en Colombie
Pour faire un peu de place, la famille a commencé à sillonner la Colombie, distribuant des ouvrages dans les régions défavorisées ou isolées. Des instituteurs d’écoles publiques les appellent aussi. Et des livres sont ainsi parvenus jusque dans 235 lieux différents du pays.
« C’est le succès de notre projet », se réjouit M. Gutierrez, dont l’initiative n’est alimentée que par les dons ou son propre argent.
Source Metro